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Institut Psychanalytique S.Spielrein
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17 avril 2012

MODUS MORTIS

MODUS MORTIS.


La mort dans son terme générique et principal est un procédé par lequel s'effectue une rupture des fonctions vitales majeures, définitives et irréversibles.

Elle s'établit du point O, point de cessation de toutes activités cardiaques et cérébrales et ce jusqu'à 48h, là où s'achèvent définitivement la vie cellulaire et les réponses immunitaires et où commence le processus de décomposition.

( Vass 2001 ); (Stephen L Percival: decomposition of human remains P 312 -316.)

Donc , si le procédé de mort permet l'émergence d'un autre processus, d'un nouvel état, au bout de 48h, celui du post-mortem, où se met en place un écosystème , (Charabidze 2006, p 17, Leclerq 2011, traité de medecine légale) il prend véritablement fin à cet instant. Cette période au delà du procédé de mort, pourrait s'appeler la période post modus mortis , (après le procédé de la mort). Ce qui n'est toutefois pas une opposition à Thanatos: « qui n'est pas un procédé mais un ensemble de faits liés à la mort.», mais complémentaire. Denis Bouquin ,thèse 2012Szandi-van reeth 1970 p 370.

La mort en ces termes, est certes un procédé mais aussi un état. Toutefois, là où s'achève le procédé, l'état émerge. Mais pas seulement, dans une période que je qualifie d' ante-modus mortis. l'état peut précéder le procédé.

le procédé de mort biologique, s'il engendre l'état de mort cellulaire, ne s'accompagne pas inéluctablement de l'état de mort eschatologique. A contrario l'état de mort psychique, * comme l'état de mort sociale, peuvent précéder le procédé de mort biologique. Dans ce raisonnement, sur l'échelle du temps, l'état de mort peut avoir débuté bien avant le procédé de mort physique, mais surtout pour qu'elle soit définitive, elle doit à distance s'accompagner d'un certain nombre d'états de mort tels l'état de mort eschatologique, mais également de mort du gène.

Pour que la mort soit définitive, et c'est la condition sine qua non, il faut: le procédé et l'ensemble des états postérieurs. Le procédé sans l'état n'est pas la mort définitive. L'état sans le procédé n'est pas non plus la mort définitive.

La mort définitive est ce qui ramène au vide, au minéral, au matériel. Mais tant que des restes humains sont rattachés à une histoire, à une trace organique, à un nom, elle renvoie toujours à l'humain et est, par voie de conséquences, incomplète.


 LES ETATS ANTE MODUS MORTIS ET POST MODUS MORTIS.

Mort sociale

Mort psychique

Mort physique

Mort cellulaire

Mort organique

Mort eschatologique

Mort du nom

Mort du gène

 

Mort définitive

Les états

Ante modus mortis

Modus mortis

Les états post modus mortis

 

Le paradoxe n'est pas d'abord, que nous sommes régis par les pulsions de mort comme par les pulsions de vie; ni même seulement que la vie et la mort sont interdépendants; mais plutôt que dès notre naissance nous sommes entrain de mourir et pourtant, nous mettons tant de temps à l'être.

En effet, nous sommes dans une logique de décroissance de vie et non de progression . La nourriture, l'eau, l'oxygène, l'affect, ne sont que des agents extérieurs de vie dont nous sommes totalement dépendants pour protéger, garantir et pérenniser la vie. Si nous n'étions pas en phase de mourir, dans une décroissance de vie permanente, nous n'aurions pas besoin de nous nourrir en autre. De même, il n'existe pas de surcroit de vie , car il n'existe que des manques à combler pour parvenir à un niveau optimal de vie, qui ne peut jamais être un excédent. C'est bien la preuve, que nous fonctionnons par défaut de vie et non pas, par excès.

La mort ainsi serait bien plus grande que la vie. In fine, la vie ne serait-elle qu'une trêve dans la mort? Ne serions nous vivants, que parce que nous ne sommes pas encore morts? Sommes nous vivants au delà de la conscience de l'être ?

Ainsi il est intéressant de voir que la mort peut se contracter, comme se dilater; donc qu'elle est élastique dans sa dimension temporelle, entre la période «ante modus mortis» et «post modus mortis» Mais aussi, que nous ne sommes pas tous égaux face à la mort définitive. En effet, seuls ceux qui auront eu la chance, l'audace, la pugnacité de voir leur empreinte de vie perdurer, ne seront pas réellement morts.

En conséquence, il convient pour appréhender les différentes étapes dans le temps de la mort absolument définitive, d'en définir ses différents états.

 Et pourquoi le faire ?

Si Gandhi disait: «On peut juger la grandeur d'une nation par la façon dont elle traite ses animaux.»,

j'affirme: On estime la noblesse d'une civilisation à la manière dont elle traite la mort.


( à suivre...)


Martine Spark Austin


Bibliographie: 

  • Vass 2001.

  • Stephen L Percival: decomposition of human remains P 312 -316.

  • Denis Bouquin ,thèse 2012.

  • Szandi-van reeth 1970 p 370.

  • association mort et sommeil. Pigné 2008. P22

  • Destemberg Moulet 2008.

  • La psychopathologie de la vie quotidienne. Freud.

  • Liliane DALIGAND. Date de réalisation : 6 Juin 2008.

  • Le droit de vivre et le droit de mourir. F Sarda.

  • Maslow.

  • Charabidze 2006, p 17.

  • Leclerq 2011.

  • Traité de medecine légale.

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